Le créateur de robe de mariée Philippe Périssé nous dévoile ses secrets

Le créateur de robe de mariée Philippe Périssé nous dévoile ses secrets. 

 

  • Interview de Laura Veiland : «-Quelle femme vous inspire pour l’habiller ?»

robe_de_mariee_philippe_perisse_createur_paris_robe_mousseline_soie_haut_dentelle_haut-dentelle_sans_manche_millemariages-cPhilippe Périssé: «-Les femmes fortes, les femmes de caractère, les femmes qui ont ce « chic masculin ». Ce n’est pas la femme enfant qui m’inspire c’est vraiment la femme avec un grand F.

Des femmes comme Katharine Hepburn, avec beaucoup d’humour, de facétie. Tout en étant ultra femme, ultra sensuelle, elle a un côté femme forte, femme de tête, qui est très intéressant.

Audrey Hepburn, est évidemment belle et magnifique, elle est très inspirante, mais c’est une femme plus fragile.

Katharine Hepburn, est une de mes muses. J’ai beaucoup de femmes de tête comme cela, autour de moi qui m’ont beaucoup inspiré. Ceci explique peut être cela.»

 

  • L.V.: «-Que se passe t’il entre votre modèle et vous ?»

P.P.:  «-Ce qui est génial avant de l’habiller il faut surtout beaucoup l’écouter.

Donc nous avons une longue discussion. Avant de lui dire ce que moi je vois physiquement. On voit les lignes. C’est plutôt tel longueur, plutôt tel décolleté, etc. Avant de rentrer dans le technique du vêtement c’est surtout l’écouter longtemps.

Elle va se livrer par rapport à elle même, par rapport aux autres, par rapport à sa famille. Elle ne va pas donner d’informations techniques mais des informations fondamentales sur son identité, sa personnalité, et cela va être clé pour pouvoir développer une robe qui ne soit pas juste une robe de mariée mais qui soit SA robe pour le jour le plus important de sa vie.

Ce qui est important c’est vraiment toute cette phase en amont ou elle va parler de ce qu’elle aime chez elle, de ce qu’elle n’aime pas chez elle. De ses angoisses. J’ai peur d’avoir l’air de, j’ai peur d’être trop sexy, trop sobre, etc.

Le portrait psychologique, toute cette analyse psychologique, est très important. Toute cette écoute active de la cliente va me permettre de créer une robe qui ne sera pas juste une robe mais SA robe.

J’ai quelques modèles de robe de mariée en inspiration. On peut évidemment les commander tels quel. Mais le but du jeu c’est vraiment d’avoir une robe qui soit comme une seconde peau pour la cliente.

J’ai souvent les amis des mariés, les parents des mariés qui viennent me voir, en me disant c’est exceptionnel on aurait jamais vu la mariée dans une autre robe que celle la. C’est la robe quand on la voit c’est une évidence, et vraiment je crois que c’est le plus beau compliment.

Ce qui est important c’est le caractère identitaire de cette robe. Cette robe est créée avec ma patte bien évidemment mais elle colle à l’identité de la cliente.

Je vais vous raconter une petite anecdote très drôle.

Quand je discute avec la future mariée j’essaie de comprendre son rapport aux autres, son rapport aux hommes, mais aussi bien évidemment le rapport avec son futur mari, des fois ça rentre carrément dans le cahier des charges.

Une fois j’ai eu une mariée. Ils l’ont joué très traditionnel, ils ont chacun réaménagé chez leurs parents avant le mariage et ils ne se sont pas vus, pas touchés pendant 2-3 mois donc la mariée m’a dit ce qui est important c’est que pour la nuit de noce il faut que la robe puisse être enlevée en moins de 5 secondes.

Ça ne paraît rien, mais l’information est très importante. Nous avons donc fait un système de fermeture spécial. J’ai fait une robe qui tenait avec deux boutons de pression et pourtant c’était une grande robe avec une longe traine, etc

Mais c’est hyper important car ce qu’il faut c’est que le mari quand il voit sa femme, même si je ne suis pas du tout dans une démarche de femme-objet, de femme qui existe par rapport à son mari ce qui est important c’est que la femme lise dans le regard de son mari WAOUH, c’est la femme de ma vie, qu’elle est belle, qu’est-ce que je suis heureux de l’avoir à mon bras.»

  • L.V.: «-Quelles sont les matières avec lesquels vous aimez travailler ?»

P.P.: «-J’aime beaucoup travailler les crêpes. Je trouve qu’il y a une fluidité. Les crêpes de soie, de laine et aussi les fluides. Pour la robe de mariée ça amène visuellement quelque chose de très différent. L’été on peut avoir des fluides extrêmement légers, extrêmement allégés.

Je suis à la fois très tailleur et très fluide. J’adore la fluidité mais j’aime la structure. Donc mes vêtements, j’essaie à chaque fois de les structurer aux épaules et à la taille et en même temps d’avoir énormément de mouvement et de la fluidité. Avec les crêpes de laines, crêpes de soie on arrive à faire des choses extraordinaires.

Ce sont des matières qui sont très agréables a travailler, elles sont faciles a structurer et elles sont structurantes et ont surtout beaucoup de fluidité.»

 

  • L.V.: «-Quelle est l’histoire de Beau ?»

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P.P.: «-J’ai toujours aimé les bull terrier, j’en ai eu un quand j’étais petit. Ils ont la réputation de chien extrêmement gentil mais également de chien très protecteur, très joueur. Je voulais jouer justement sur cet animal de marque. C’est un peu une chimère, comme les lions assyriens, les chiens ailés, il est à la fois très statutaire qui montre l’aspect de la marque.

C’est une marque au service de la cliente qui va la protéger, l’accompagner. C’est à la fois le compagnon de la cliente qui est la pour la protéger, l’accompagner et protéger son statut.

Quand on s’habille on n’a pas envie d’être déguisé mais on a envie d’être fabuleuse.

On ne s’attend pas à retrouver un chien ailé comme logo d’une marque.

Il y a tout ce coté très statutaire de la marque que l’on retrouve avec le traitement du chien, un peu comme ces chimères mythologiques. Mais il y a également le coté facétieux de cet animal, qui est un chien très turbulent qui fait des bêtises. On développe ce qu’on appelle un hédonistique chic, un chic hédonique. On cherche vraiment à s’amuser, ce n’est pas vraiment une mode sérieuse mais une mode hédoniste pour le plaisir et pour le fun. On s’habille pour le plaisir. Le chien l’incarne très bien.

De la même façon que notre devise « Age Quod Agis », qu’on retrouve sur nos foulards et sur certains imprimés. « Fais ce que tu fais, et fais le bien ». Nous en tant que marque, notre but est d’apporter le meilleur service possible, le meilleur produit, le faire jusqu’au bout, avec des finitions recherchées, etc des recherches très abouties.

Mais en même temps le premier imprimé c’était notre animal Beau entrain de faire plein de bêtises, ouvrir une bouteille de champagne, entrain de mâchonner une paire de chaussures car il adore les paires de chaussures.

Donc notre devise, « Age Quod Agis », fais ce que tu fais et fais le bien, mais après si tu as envie de t’amuser, éclates toi. Il y a cette ambivalence de notre part d’être le plus carré et au service de nos clients. Et de la part de nos clients de s’amuser le plus possible.

Tout ça s’incarne il me semble très bien dans cet animal de marque. Il est aussi notre « spokesperson ». Toutes les semaines on poste une prise de parole du chien sur Instagram.»

  • L.V.: «-Quelle célébrité avez vous habillé ?

P.P.: « -Alice Taglioni, Karole rocher la compagne de Thomas N’Gijol, Ophélie Meunier que j’habille sur les plateaux de canal +, Marie Drucker, Emma de caunes, Valérie mercier.

C’est un grand honneur à chaque fois d’être choisi. »

 

  • L.V.: «-Pour habiller les femmes vous devez les aimer ?»

P.P.:  «Absolument, évidemment j’aime les femmes. Comme je le dis dans ma bio, les femmes de caractère, audacieuses, impertinentes, etc. C’est vraiment ce style de femmes qui m’inspire, me passionne et qui nourrissent mes créations.

Catherine Deneuve disait : « ce qui est sexy chez une femme c’est la virilité ». Je trouve que cette formule de Catherine Deneuve résume bien le style de femmes qui m’inspire et me passionne.

 

  • L.V.: «-Pouvez-vous nous donner une histoire qui vous a marqué ?»

P.P.:  «-Celle qui m’a le plus marqué, c’est quand j’ai réalisé la robe de mariée de mon amie d’enfance. Qui a été en faite ma première robe de mariée. Elle m’a fait confiance pour le plus beau jour de sa vie, d’autant plus que je n’avais jamais réalisé de robe de mariée auparavant. Donc c’était plein d’émotions j’avais un stress pas possible. J’étais sur-impliqué dans cette robe qui était LA robe de mon amie, LA robe du plus beau jour de sa vie donc bien sur la pression était énorme.

C’était bien évidemment un mariage auquel j’étais invité, de facto. Avec l’angoisse que tout se passe bien techniquement avec la robe, que la robe plaise. C’était la fameuse robe qui devait s’enlever en moins de 3 secondes. Le mari m’a beaucoup remercié aussi.

C’était pour moi la première fois que je mettais en pratique toutes les théories que j’avais déjà en sur-mesure sur le prêt-à-porter. J’avais beaucoup de clientes qui allaient à des mariages mais c’était vraiment ma première mariée. C’est mon amie depuis que j’ai sept ans. Beaucoup de pression et beaucoup d’émotions.

Alors je me souviens également de ma deuxième mariée. Qui se mariait au Maroc. Et je devais lui créer deux robes de mariée, d’inspiration un peu marocaine. C’était l’occasion de développer des broderies exceptionnelles. C’était plus technique. C’était une robe caftan. Un fourreau sirène caftan. L’idée c’était de travailler la broderie du col.

J’ai développé toute une broderie inspirée de William Morris, qui était un créateur de tapisserie du mouvement Art & Crafts de fin 19ème. C’était un travail fabuleux car il fallait retravailler avec des métiers d’arts extraordinaires, développer des broderies très simples mais à la fois extrêmement travaillées. En utilisant différentes techniques de broderies donc c’était un très beau travail. Et la mariée était resplendissante, et elle collait vraiment à son identité. Au delà du fait que c’était une robe caftan sur une marocaine. C’était une robe mixte entre l’orient et Occident, de la même façon qu’elle est de double culture. La robe était comme une seconde peau. C’était vraiment sa robe. Et elle me disait qu’elle voulait la porter toute sa vie.

Anecdote la plus pittoresque : J’avais une amie enceinte, qui voulait faire un mariage un peu improvisé, juste en rassemblant quelques amis. Comme elle était enceinte elle avait décidé de choisir juste une robe blanche toute simple comme robe de mariée, mais c’est devenu de plus en plus compliqué pour elle de trouver quelque chose qui lui plaisait. Au bout du 3ème et 4ème mois elle m’a demandé de faire sa robe. Donc j’ai fait la toile et la robe une semaine avant le mariage. Nous avions validé le dessin en amont. Et une semaine avant le mariage on a fait l’essayage de la toile et la veille du mariage nous avons livré la robe. C’est le challenge de réaliser la robe au dernier moment. C’était une amie également donc plein d’émotions, c’était assez magique c’était un tour de force particulier. Elle était heureuse aux larmes. Donc les anecdotes les plus marquantes, la première robe et celle-ci qui était un tour de force pour la livrer dans les temps.»

 

  • L.V.: «-Le prix de vos robes»

P.P.:  «-Entrée de gamme 4500 – 5000€, après en fonction des matières, des broderies, des dentelles, du volume des matières on peut monter à 15-20 000€. J’ai eu des clientes libanaises, brésiliennes, écossaises, américaines, chinoises.»

 

  • L.V.: «-Le mot de la fin.»

P.P.:  «-Ne cherchez pas une robe de mariée cherchez VOTRE robe pour le plus beau jour de votre vie et nous la ferons ensemble. L’erreur souvent c’est de chercher une robe de mariée alors qu’il faut chercher SA robe de mariée. J’ai besoin d’une robe, non on va vous faire LA robe qui va vous rendre exceptionnelle et accessoirement vous la porterez pour votre mariage. C’est notre façon de voir les choses».

(Interview de Laura Veiland pour Mille Mariages)